広島大学フランス文学研究 Issue 24
published_at 2005-12-25

Il était une bergère について

Sur une chanson populaire Il était une bergère
Yoshida Masaaki
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Abstract
Il était une bergère est une des chansons populaires françaises bien connue. Elle est actuellement classée parmi les chansons enfantines. La chanson actuelle ne se chante que les premiers six couplets qui nous semblent anodins malgré une histoire un peu cruelle du châtiment d'un chaton. Or, au dix-neuvième siècle, cette chanson avait une suite jusuqu'au dixième couplet qui raconte une histoire licencieuse de la bergère et de son confesseur. En général, la genèse des paroles tels qu'on les connait aujourd'hui est associée très souvent à l'époque où Marie-Antoinette mit à la mode dans la Cour l'élevage des moutons et les travaux aux champs. Mais en fait, sa composition remonterait au milieu du siècle des Lumières. Il est probable qu'une plume lettrée mais anonyme composa, sur un air connu au Théâtre de la Foire, ces paroles fort adroits à double sens, bien dans les grâces de l'époque libertine de Louis XV. Les travaux historiques récents de Robert Darnton nous ont appris à déchiffrer l'expression argotique du langage animalier félin du siècle des Philosophes. Or, que raconte la chanson? La mort d'un chaton, battu par la bergère; celle-ci le punit pour avoir désobéi en mettant son menton dans le fromage. Le sens de la chanson s'éclaircira quand on aura précisé que des expressions telles que « laisser le chat aller au fromage » ou « le chat a mangé le fromage » étaient synonymes de perte du pucelage. D'ailleurs, si l'on remonte jusuqu'à l'époque de la Rennaissance, on peut en trouver une chanson originale beaucoup moins innocente dans Sensuyt plusieurs belles chansons nouvelles et fort joyeuses, publié chez Alain LOTRIANT, à Paris, en 1543. On y raconte explicitement la perte du pucelage d'une jeune fille. Après la Révolution, et en pleine vogue de la romance, les chansons populaires d'Ancien Régime apparurent un peu désuètes. C'est alors que DU MERSAN récupéra un certain nombre de ces airs pour en refaire des chansons enfantines. Il en modifia parfois les paro