広島大学フランス文学研究 Issue 21
published_at 2002-11-15

文芸批評家サルトルとその時代 : サルトル, ブラジヤック, モーリアック

Sartre, critique, et son époque : Sartre, Brasillach, Mauriac
Shigemi Shinya
fulltext
602 KB
ELLF_21_45.pdf
Abstract
Jean-Paul Sartre et Robert Brasillach traitent, tous deux dans leurs articles de critique littéraire l'œuvre de François Mauriac. Celui-ci était déjà un écrivain important et élu à l'Académie française, lorsqu' en 1933 Sartre a publié dans la N.R.F. son article : «M. François Mauriac et sa liberté». L'emploi ambigu de la troisième personne comme technique romanesque, la fatalité des personnages imposée par le narrateur et le discours inutilement théâtral dans La Fin de la nuit, tels sont les trois points sur lequels Sartre fait des remarques. Concentré sur la problématique du point de vue de la narration et des personnages, son article démasque les défauts techniques du roman. Aussi suscita-t-il des réactions importantes de la part des autres revues littéraires, dès sa publication. Une des plus grandes réactions vient du côté des droitistes. Robert Brasillach, écrivain d'extrême-droite convaincu, appartenant à la même génération et ayant reçu la même formation pédagogique que Sartre, écrivait alors un grand nombre des critiques surtout dans sa «Causerie littéraire» de L'Action française. Dans cette masse d'articles sur les oeuvres littéraires contemporaines et classiques, on trouve six articles sur Mauriac rédigés d'une plume plus féroce encore que celle de Sartre. Cependant, cette férocité satirique n'empêche pas d'entrevoir les remarques qu'il fait sur la technique romanesque chez Mauriac. Brasillach demande au romancier de porter un point de vue cohérent sur ses personnages, pour qu'ils vivent selon leurs consciences dans le roman. On lit ainsi la même critique sur Mauriac chez ces deux écrivains. D'ailleurs, ces réflexions de Brasillach n'ont jamais changé tout au long de sa carrière; même après la publication de l'article de Sartre. Il est généralement admis que cet article de Sartre sur Mauriac est très particulier. Cependant on comprend maintenant que cette problématique autour de la narration n'était pas le fait de Sartre seul, mais on pour