Le "11 septembre" de New York m'a immédiatement rappelé celui de Santiago en 1973. Quelle étrange coïncidence! Pourtant l'idée m'est venue ensuite que ce putsch avait été raconté dans un roman de Raymond JEAN, qui s'appelait Photo souvenir. C'est pourquoi j'ai commencé tout de suite à le relire. Des événements politiques et historiques, tels que le coup d'état militaire de Pinochet, l'élection présidentielle en France de 1974, la révolution des œillets au Portugal et enfin la chute de Saïgon au mois d'avril de 1975, constituent l'arrière-plan du roman. La chaîne du roman, autrement dit. Philippe Leierman, journaliste à l'AFP, héros du roman, célibataire à l'âge de 47 ans, se trouve toujours près de ces événements, les observe d'une façon attentive et personnelle et se limite à ne raconter que ce qu'il voit. La trame du roman, c'est l'histoire des relations avec les femmes que rencontre Philippe sur le chemin de son existence, telles que Lidia, Olympe, Florence, Irina et Phuong. Philippe, est-il coureur de jupons? Un peu oui. Mais l'auteur voudrait le désigner comme meilleur ami de la femme ou bien comme "ménétrier", musicien de fêtes villageoises, ainsi que l'a nommé Olympe dans le roman. D'après l'auteur, ce livre "rencontrait un silence assez généralisé" au moment de sa parution en 1980. Je ne peux pas en préciser la raison. Il dit aussi qu'il "garde la conviction intime que ce livre était important, qu'il l'est toujours" (cf. Belle clarté, Chère raison, 1985). En tant que lecteur qui ai essayé une deuxième lecture du livre, je le trouve intéressant et important. Au moins en ce sens qu'il nous pousse à penser à ce qui s'est passé dans le monde entier entre les deux "11 septembre". Ne faudrait-il pas le tirer, tant soit peu, de l'oubli?