Les guides-Joannes ont changé, et ont été souvent augmentés, selon les besoins de l’époque. Paris illustré de 1855 évoque tout d’abord l’origine de Paris et son nom. Par contre, le Guide parisien de 1863 commence par la situation et le climat de Paris, tandis que dans Paris-Diamant de 1867, la priorité est donnée aux descriptifs de l’introduction «Arrivée à Paris» par souci de praticité et d’objectivité et ce guide se conclut sur des pages consacrées au «Champ de Mars et le palais de l’Exposition universelle de 1867».
L’origine de ce genre de guide de Paris, ce serait La Fleur des Antiquitez de Paris (Denis Janot 1532) de Gilles Corrozet, poète et imprimeur-libraire de Paris. Cet ancien guide se compose de cinq parties : Salutation de Corrozet, Prologue, Fondation et antiquité de la Ville et Cite de Paris, Louanges de Paris de Corrozet, et Généalogies du noble Francus fils du preux Hector de Troye. Le motif de ce guide que Corrozet exprime dans la Salutation et au Prologue, c’est son «amour patrialle» pour la ville de Paris où il est né en 1510. Corrozet, jeune et poussé par «amour patrialle», présente quatre «opinions» sur l’origine de Paris et son nom : «Paris» est le nom du fils de Romus qui est un descendant de «Japhet»; Hercule a construit la ville dans une île sur la Seine dont les habitants s’appellent «Parisiens», mot dérivé de «Parrasia»; «Parisis» vient de «par Ysis» qui veut dire que la ville de Melun croyait en «Ysis» comme Saint-Germain-des-Prés de Paris et les deux villes sont proches; Paris a été pris de «Paris Alexandre» fils de Priamos de Troye. Chacune de ces quatre «opinions» sont influencées par la légende de Francus et Illustrations de Gaule et Singularité de Troie de Jean Lemaire de Belges.
Fondation et antiquité de la Ville et Cite de Paris se subdivide en deux sections. La première qui couvre jusqu’au martyr de Saint Denis est une reproduction souvent fidèle de la traduction française de Raoul de Presles de La Cité de Dieu d’Augustin (V-25). La seconde est l’histoire des rois de France qui accompagnent leurs bâtiments dans la ville de Paris dont Corrozet a recuilli les origines de nom et d’histoire dans les «anciennes Cronicques». Et Corrozet a inséré dans l’édition de Gaillot du Pré de 1532 une liste de rues de Paris qui restait depuis longtemps avec des autres éditions de ce genre des listes.
On peut donc considérer le corps de ce guide de Paris comme une oeuvre de «compilations» de Corrozet. Mais, la comparaison des deux éditions de Denis Janot et de Gaillot du Pré révèle que l’auteur a également introduit de nouvelles informations qu’il avait glanées sur sa Paris contemporaine. En ce sens, on peut dire que La Fleur des Antiquitez de Paris de Gilles Corrozet est un guide qui nous rappelle les guides-Joannes au 19e siècle.