La Vérité en marche est, on le sait, un recueil d'articles qui s'inscrit dans l'histoire de l'Affaire Dreyfus. Tout en tenant compte de cette appréciation établie, nous essaierons dans cet article de revaloriser les procédés rhétoriques de ce recueil.
Dans un premier temps, nous remarquerons, à travers différents textes de témoignages, la première motivation de l'engagement de Zola dans l'Affaire : il a été séduit par le « drame » de l'Affaire et par l'héroïsme des défenseurs de Dreyfus. Ces textes nous permettent également de montrer que Zola vise à inaugurer une nouvelle littérature, qui pourrait être appréciée du point de vue rhétorique.
Aussi, dans un deuxième temps, nous commencerons par examiner l'agencement des textes du recueil dans le but de repérer le travail esthétique et rhétorique de Zola. Pour ce faire, nous comparerons cinq éditions de ce recueil : la première édition, trois OEuvres complètes de Zola et La Vérité en marche. L'Affaire Dreyfus éditée par Colette Becker, afin de mettre en lumière le choix de textes et des soucis organisateurs de l'écrivain pour ce recueil.
Enfin, nous analyserons la composition du recueil. Nous nous arrêterons sur les deux articles rejetés : « Une nouvelle ignominie » et « Qu'ils gardent l'argent ». Le rejet de ces derniers fera ressortir inversement l'architecture du recueil : l'exorde marqué par l'héroïsme chez les dreyfusards et par l'image de la République idéalisée, qui font appel au coeur du lecteur ; la vérité bafouée qui amène l'éclat du pathos dans la narration et dans l'altercation ; la reprise du pathos dans la péroraison.
A travers ces examens, nous constaterons l'importance de « Déclaration du jury » qui se trouve au centre du recueil. Non seulement, cet article sert du pivot au recueil, mais c'est aussi un texte lu au tribunal, paru dans un journal et recueilli dans un recueil, ce qui attribue à ce texte un rôle particulier dans ce recueil.