広島大学文学部紀要 56 巻
1996-12-27 発行

モンテーニュ、見上げる目、見下ろす目 (2)

Montaigne, regard vers le haut, regard vers le bas (2)
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Abstract
II. Modification des images : «ce qui est sien» et «ce qui n'est pas sien»

Comment Montaigne connaît-il et exprime-t-il la différence entre les hommes? Sous cet aspect nous considérons ici sa manière de voir.

Il utilise et modifie l'image stéréotypée de la hauteur. Dans le chapitre «De l'inequalité qui est entre nous» il montre «l'aveuglement de nostre usage» dans l'estimation des hommes, en opposant la véritable hauteur de celui qui est grand par ses propres qualités à la fausse hauteur des rois et des princes qui paraissent grands par «ce qui n'est pas leur». Il place ainsi en position horizontale l'échelle sociale comme il fait pour «l'échelle de nature» en montrant la ressemblance entre l'homme et les animaux dans l' «Apologie de Raimond Sebond».

Il fait de l'image de l'envol du poète glorieux et immortel, employée de l'Antiquité à la Pléiade, l'image des vols contrastés en tant que mouvements. Il distingue deux sortes de poètes dans le chapitre «Des livres»: poète qui vole haut par sa propre inspiration poétique et celui qui, ayant besoin de «secours estrangier», volette et sautille de récit en récit.

De plus il oppose l'image de la course à l'image du vol. Quand il met l'amitié en comparaison avec l'amour dans le chapitre «De l'amitié», la course de l'amour en chasse fait contraste avec le vol hautain de l'amitié qui le regarde dédaigneusement.

Tous ces éléments constituent la distinction entre le pédant et les autres hommes dans le chapitre «Du pedantisme»: images de la hauteur, du vol et du regard dédaigneux, contraste de deux mouvements et distinction entre «ce qui est sien» et «ce qui n'est pas sien» de l'homme. Montaigne, à la recherche de la cause de la bêtise des faux savants contemporains qu'on dédaigne, les compare d'abord avec les philosophes enviés de l'Antiquité. La hauteur de la manière de vivre des philosophes, leur haut vol dans l'action et leur dédain des actes publiques sont en complète opposition avec la bassesse et l'allure traînante de la façon de vivre des pédants et leur incompétence dans les charges publiques. Puis, ils sont mis en comparaison avec le vulgaire. Le vulgaire va à l'allure simple et naïve «parlant de ce qu'il sait», alors que les pédants vont à l'allure empêtrée dans le «savoir d'autrui» qui n'est pas devenu «leur propre sagesse». Ainsi Montaigne s'aperçoit que la bêtise des pédants provient de leur mauvaise façon d'aborder les sciences.

Quand Montaigne connaît et exprime la différence des hommes, il fait des images conventionnelles de la hauteur et du vol les images des hauteurs, des vols et des mouvements en contraste. C'est parce qu'il distingue «ce qui est leur» de «ce qui n'est pas leur», et qu'il fait grand cas de leur allure, de leur manière de faire et de vivre. (à suivre)