広島大学フランス文学研究 39 号
2020-12-25 発行

ロラン・バルトにおけるエクリチュールのパラレルな進行 : 『零度のエクリチュール』の「序文」を最後に読む

La progression parallèle de l’écriture chez Roland Barthes: lire en dernier l’introduction du Degré zéro de l’écriture
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Abstract
Chaque chapitre du Degré zéro de l’écriture nous a fait mentionner bien des fois le problème suivant : certaines phrases chainées et autres appositions de mots induisent une lecture erronée désactivant littéralement la compréhension. Le fait que le langage soit linéaire ne signifie pas que l’activité de penser le soit aussi. Habituellement, dans un texte, la causalité de deux phrases se présente de manière telle que l’une est l’effet et l’autre la cause. Cependant, il va sans dire qu’il existe plusieurs, pour ne pas dire de nombreux choix virtuels avant la décision finale. En réfléchissant devant un tableau noir, on ne place pas sur une seule et même ligne les mots-clés en les reliant avec une flèche, mais on les dispose tantôt au-dessus tantôt en-dessous selon sa disposition d’esprit, toujours changeante. Il arrive même qu’on les efface ou qu’on les réécrive. On peut donc dire que, dans la réalité, la pensée n’est jamais linéaire : ses composants s’organisent de manière parallèle, voire multi-dimensionnelle. Lorsque Barthes paraphrase une idée, il lui en associe une autre tellement éloignée que ce rapprochement induit d’importantes erreurs dans les traductions japonaises. Et il semble utiliser consciemment l’interaction entre les deux éléments de sa comparaison pour en atteindre un troisième, invisible. Il en est ainsi du concept d’« écriture », qui a surgi chez lui entre les deux autres concepts que sont le « style » et la « langue », qui recouvrent respectivement le personnel et le social. L’archétype de cette manière de pensée est assurément le « zéro », illusion épistémologique entre « +1 » et « -1 ». Les OEuvres Complètes de Barthes contiennent tous ses essais, mais ne contiennent aucune des traductions françaises du jeune Barthes avant qu’il n’entre dans sa carrière d’écrivain, car elles ne sont pas considérées comme le résultat d’une création originale. On sait que Barthes a beaucoup étudié les tragédies grecques à la Sorbonne. Ce travail, tout mineur qu’il soit, signifie naturellement qu’il n’a pas seulement lu des textes en grec ancien, mais aussi les traductions françaises qu’il avait à portée de main. De plus, il a mis en scène ces drames avec ses camarades. Il a donc forcément été obligé de traduire les textes grecs en français pour en rédiger les scénarios. On peut dire que les nombreux textes rédigés à partir d’une seule tragédie sont des variantes du même nombre – et c’est dans la lecture comparative de ces lignes parallèles qu’il devait imaginer les scènes à réaliser. Cette première forme d’étude parallèle pourrait bien expliquer l’attitude objectale de Barthes. D’ailleurs, cette démarche parallèle de lecture et d’écriture peut faire penser à sa pratique du piano. Pendant ses heures quotidiennes de piano, il jouait ses partitions favorites. Mais il ne les a pas mémorisé, sans pour autant préciser pourquoi. Il n’a donc jamais cessé de lire de la musique avec ses yeux. Les deux portées parallèles sur la partition, qui représentent les deux mains collaborant, ressemblent bien à des chaînes de paraphrasés incomplets et de paraphrasants incomplets qui se combinent pour projeter une image complète ; dans le même temps, les accords, notes frappées simultanément par plusieurs doigts, ressemblent à des appositions de mots, alignés sans causalité, comme parallèles, mais dessinant un seul concept.
内容記述
補遺 pp. S-1~S-19