A côté des chefs-d'œuvre de l'architecture et de la sculpture que nous ont légués les Grecs, on ne connaît guère d'exemples de jardin dans la Grèce proprement dite. Ni l'archéologie ni la philologie ne nous fournissent suffisamment de documents sur le jardin grec, ce qui nous laisse deviner que le peuple de la Grèce antique ne s'est pas intéressé à créer des jardins comme ceux des villas romaines ou des résidences suburbaines de la Renaissance, soit que le terrain accidenté et le climat sec du pays n'en favorisaient pas l'évolution, soit que la démocratie faisait obstacle à ce que les citoyens construisent des maisons somptueuses et des jardins privés. Le but de notre essai est de tenter de mesurer la place tenue par le jardin dans la pensée grecque, plutôt que dans la réalité matérielle, en examinant de plus près les jardins décrits dans I' Odyssée.
Notre analyse montrera que le jardin homérique se distingue sous ces trois formes : 1) le jardin fécond ou le Jardin princier ; 2) la demeure divine ou le site enchanteur : 3) les «Champs Elysées» ou le paradis terrestre. Et ce sera aussi un point de départ pour aborder un problème plus vaste et essentiel: Comment cette image du «Jardin» homérique se réalIsera dans l'histoire des jardins de l'occident?