Après l'effondrement du « système de 55 », plusieurs réformes ont été adoptées au Japon pour renforcer le leadership des ministres. En 1999, une loi est venue doubler le nombre d’assistants des ministres, afin que ces derniers cessent de dépendre excessivement des hauts fonctionnaires. Mais pour les aider efficacement, le processus de nomination de ces conseillers politiques et vice ministres devait changer, en commençant par prendre en compte leurs domaines d’expertise et en cessant de se concentrer sur leur faction ou leur ancienneté pour pacifier le parti. Sur la base d'entretiens et de données recueillies personnellement, cet article évalue les effets de cette réforme en analysant empiriquement la composition de quatorze cabinets successifs. Bien que la réforme n'ait pas totalement effacé les anciennes habitudes de nomination, nous constatons que certains changements progressifs sont intervenus au cours des quinze dernières années. Nos résultats montrent que les gouvernements du Parti démocrate du Japon ont marqué un tournant dans ce domaine. Nous soutenons que si cette réforme a joué un rôle dans ces transformations, les principales variables explicatives sont à trouver : (1) dans la reconfiguration du rapport de force en faveur du président du parti et au détriment des parlementaires de la majorité – évolution qui résulte d'autres réformes introduites simultanément – et (2) dans l'évolution de la prise de conscience des politiciens quant à l'importance des postes d'assistants des ministres. Cette réforme a essentiellement fourni de nouvelles incitations, de sorte que son efficacité dépendait largement de la manière dont les acteurs politiques l'utiliseraient. À cet égard, cette étude de cas semble être très représentative des principales transformations que la politique japonaise a connues ces deux dernières décennies.