Depuis que François-Joseph Fétis a établi le concept de la « tonalité moderne », les théoriciens, Carl Proske, Raphael Georg Kiesewetter, Camille Durutte et François-Auguste Gevaert etc. ont questionné les origines de la tonalité harmonique. L'objectif de notre recherche est d'analyser et contextualiser historiquement les théories musicales de Fétis et Gevaert à travers leurs polémiques 1868-1869 survenues dans Le Ménestrel et Revue et Gazette musicale de Paris. Afin d'atteindre cet objectif, notre article se divisera en trois étapes distinctes. Premièrement, seront exposées en détails les discussions sur les origines de la tonalité moderne échangées entre Fétis et ses contemporains avant 1868. Deuxièmement, les points de vue opposant Fétis et Gevaert seront décrits à travers l'analyse de leurs articles. Troisièmement, leur ancrage historique sera examiné à travers la comparaison du point de vue de Fétis qui pense que "l'histoire de la tonalité s'explique par l'accumulation de changements inattendus survenus vers ce qu'il considère comme la fin de l'histoire tonale" avec celui de Gevaert pour qui "l'histoire de la tonalité est une transformation perpétuelle".