広島大学文学部紀要 57 巻
1997-12-26 発行

カミュにおける「兄」について

Sur le frère aîné d'Albert Camus
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Abstract
Camus avait un frère aîné, appelé Lucien. Mais il n'a fait qu'une petite mention de lui dans sa première oeuvre l'Envers et l'Endroit et après, le frère, contrairement à l'oncle Etienne, n'apparaîtra jamais plus dans les oeuvres d'Albert Camus.

Dans le Premier Homme, cependant, manuscrit de Camus longtemps resté inédit, le héros Jacques a un frère nommé Henri. Mais le portrait de ce dernier n'apparaît pas du tout sous un jour positif comme celui de l'oncle Etienne : il n'y a pas de scènes où les deux frères jouent ensemble. De plus, non seulement le frère aîné a une sorte de haine contre son cadet, mais il ne tient même pas compte de son existence. De son côté, le plus jeune se croit supérieur à son frère aîné.

Pourtant, dans la vie réelle, Camus et son frère s'entendaient bien comme Camus l'atteste lui-même ainsi que ses biographes. Alors pourquoi ne peut-on pas trouver de traces de cette relation fraternelle dans les oeuvres de Camus? Du moment qu'il n'y en a pas, on ne pourra pas éclaircir ce mystère, mais on peut faire remarquer quand même un phénomène étrange. De même qu'il existe des substituts du père dans le Premier Homme, il y a un substitut du frère dans cet ouvrage posthume. Il s'agit de «Pierre, d'un an et presque plus âgé que lui»: Pierre, ami d'enfance de Jacques, le protège. Ils partagent leur vie d'enfant et ils partiront seuls pour un monde inconnu : le lycée ; tous les deux orphelins de guerre, ils sont «frères par l'origine et le destin». Il faut rappeler à cette occasion que le substitut du frère a déjà fait une apparition dans Jonas, nouvelle autobiographique, où Rateau, dont le modèle est René Char, a rempli le rôle du protecteur et du frère aîné de Jonas. Ainsi, à la place du frère réel, les substituts du frère jouent un rôle très important dans les derniers ouvrages d'Albert Camus.