モンテーニュにおける認識と選択のメカニスムに関する一考察 : 両極の一致・中間との対立 (2)

広島大学文学部紀要 Volume 50 Page 324-348 published_at 1991-03-30
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Title ( jpn )
モンテーニュにおける認識と選択のメカニスムに関する一考察 : 両極の一致・中間との対立 (2)
Title ( eng )
Considérations sur le mécanisme de la connaissance et du choix chez Montaigne : correspondance entre les deux extrêmes et opposition du milieu aux extrêmes (2)
Creator
Source Title
広島大学文学部紀要
The Hiroshima University Studies Faculty of Letters
Volume 50
Start Page 324
End Page 348
Abstract
Montaigne exprime souvent ses pensées en opposant le milieu et les deux extrêmes qui, eux, manifestent une analogie. Dans notre dernier article (1), nous avons distingué quelques données primordiales qui constituent les éléments fondamentaux du mécanisme du jugement chez Montaigne sous la forme suivante: (extrême=extrême)≠ milieu, et dans le premier cas où les extrêmes sont supérieurs au milieu: (extrême=extrême)> milieu, nous avons constaté que cette connaissance déclanche chez l'auteur un mécanisme de la connaissance de soi, qu'il se considère comme étant à la mesure de la moyenne des hommes, et un mécanisme du choix qui se porte dans la plupart des cas sur l'extrême inférieur.

Cet article est consacré au deuxième cas où les extrêmes sont inférieurs au milieu: (extrême=extrême)< milieu. Cette connaissance est en relation avec l'idée de mesure ou du juste milieu qui remonte à l'Antiquité gréco-romaine. Mais chez Montaigne la connaissance de l' «(extrême=extrême) <milieu» ne sert pas seulement de base au choix du milieu en tant que moyenne mesure excluant la démesure. Une connaissance de l' «(extrême=extrême)<milieu» concernant une chose lui sert quelquefois de prémices pour porter d'autres jugements, à d'autres moments elle lui sert de point de référence et de comparaison quand il s'agit d'exprimer des jugements analogues. De plus le juste milieu ne signifie pas toujours la modération en tant que vertu, et les extrêmes ne signifient pas toujours le vice. On peut donc dire que la connaissance de l' «(extrême=extrême) < milieu» exerce de multiples fonctions et qu'elle est polysémique.

Mais quand Montaigne se tient exactement à mi-distance des deux extrêmes observant dans toute la rigueur du terme le juste milieux, la connaissance de l' «(extrême=extrême)< milieu» exprime de toute évidence sa sagesse et sa modération. Il nous faut alors distinguer deux critères. Le premier est la tranquillité de l'âme et du corps. Montaigne s'adonne avec modération à tous exercices du corps et de l'esprit pour ne pas troubler la paix de l'âme et du corps par ces deux extrêmes que constituent l'oisiveté et les travaux pénibles. Le deuxième critère est la mesure de la raison. Pour Montaigne les facultés intellectuelles de l'homme ont un «extrême» qui est l'orgueil, la bêtise puérile, la confusion des idées et les maladies mentales; ces défauts peuvent empêcher le fonctionnement adéquat des dites facultés. C'est pourquoi il considère que la science a des limites et ne lui reconnaît de valeur que dans la mesure où elle est utile et plaisante. Ces deux critères aboutissent à un troisième critère qui est celui du plaisir normal auquel a droit l'être humain: Montaigne considère l'excès de vertu qui consiste à se refuser tous les plaisirs de la vie comme aussi vicieux que l'intempérance; il veut garder le juste milieu entre l'extrême qui est de fuir la vie et l'autre extrême qui est de reculer devant la mort; il trouve que les pensées «supercélestes» s'accordent avec les moeurs les plus ignobles et que les sciences qui transcendent l'être humain sont ignobles.

Le moyen qu'emploie Montaigne pour observer la juste mesure à partir de ce critère est de faire appel à l'élément contraire de l'extrême où il se trouve. Par exemple il s'obligeait à penser à des problèmes sérieux quand, jeune, il était trop enclin à la volupté et il se laisse aller exprès dans une certaine mesure à l'intempérance et même parfois à des rêves voluptueux quand avec l'âge il devient trop sérieux. Mais pour cela il lui faut reconnaître exactement en quel endroit du schéma «(extrème=extrème)< milieu» il se trouve. On peut donc dire que la connaissance de l' «(extrême=extrême)< milieu» conduit elle-même Montaigne à la modération lorsqu'il tire un profit raisonnable des plaisirs de la vie. (A suivre)
NDC
French literature [ 950 ]
Language
jpn
Resource Type departmental bulletin paper
Publisher
広島大学文学部
Date of Issued 1991-03-30
Publish Type Version of Record
Access Rights open access
Source Identifier
[ISSN] 0437-5564
[NCID] AN00213701