広島大学フランス文学研究 12 号
1993-10-31 発行

『アルゴールの城にて』における演劇的記述

Le style théâtral dans Au château d'Argol
高木 敬二
全文
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Abstract
Dans Au château d'Argol (1938) de Julien GRACQ, récit à la troisième personne, la diégèse se déroule d'une façon purement objective: le narrateur omniscient détaille constamment toute la psychologie des personnages, et c'est lui seul d'ailleurs qui parle dans ce livre. Les paysages et les objets sont vus, certes, à travers le regard des personnages, mais c'est encore lui, le narrateur, qui raconte à leur place les impressions et les sentiments qu'ils éprouvent. Tout est donc observé par le narrateur, et l'objectivité de son récit est rendue plus efficace par le style théâtral qui imprègne l'owrage. Ce style théâtral est en fait privilégié à la fois par sa fonction et par la place qu'il occupe. L'auteur utilise à de très nombreuses reprises la terminologie théâtrale pour dépeindre le physique des personnages et leurs sentiments. Mais il ne s'agit pas du tout de simples allusions au monde du théâtre; à travers l'étude étymologique, on peut cwprendre l'efficacité de ces mots spécifiques choisis par l'auteur, et constater également une correspondance profonde entre le style et ce qui est raconté. De même, le lieu de l'événement est présenté comme "vraie" scène. par exemple la terrasse du château, sur laquelle Heide "le força [= Albert] à prendre un long baiser". et autour de laquelle les arbres, comme des spectateurs muets, attendent "les trois coups". En outre, le ciel nocturne, introduit ici conmie décor, est dépeint, selon l'expression du narrateur, comme une "scrupuleuse, naïve et presque enfantine reconstitution". En ce qui concerne les personnages, ils sont tous conscients de leurs propres "rôles" dans le drame, mais ils sont incapables d'éviter le dénouement tragique: Heide, violée par les deux protagonistes masculins, finira par se suicider; Herminien. le double d'Albert, sera tué par ce dernier à la fin du livre. La vie de ces trois personnages est cwparable, me semble-t-il, à celle de trois marionnettes dont le destin manipule les fils. C'est ainsi qu