Il est ennuyeux de dire ou écrire en plusieurs mots une chose que l'on peut penser en un seul. Un mot précis suffit normalement à l'écrivain, mais il le paraphrase parfois pour ceux qui ne comprennent pas son choix.
Barthes paraphrase souvent. Mais ce qu’il ajoute ne constitue pas pour ses lecteurs, à proprement parler, un enrichissement du premier mot. Après un mot ambigu, il réécrit avec un autre mot, mais ce nouveau mot nous semble tout aussi ambigu. Quel est donc le meilleur des deux ? S’il y en avait un, Barthes nous le donnerait seul, sans le mettre en comparaison avec un autre mot. Cela signifie qu’aucun des deux mots proposés n’est précis et essentiel.
Ces mots choisis par Barthes, il est peu recommandé de vouloir les traduire en autant de mots précis japonais. Le contenu essentiel, que Barthes appelle « intention/pensée », n’est pas enfermé dans les mots-signes mais se trouve au-delà. Pour Barthes, son mot ne peut être précis et unique qu’au moment du choix, et son efficacité disparaîtra dès lors qu’il en choisira un autre pour désigner le même objet.
Barthes dit que le contenu du poème est prosaïque. Plutôt que les phrases, temporairement précises, de Barthes en train de penser, ce sont donc ses intentions, ses vues au-delà de ces mots, qui doivent être recherchées. Pour cela, sans doute faudrait-il que la paraphrase en japonais soit assez longue et intelligible, même si l'auteur français la jugerait sans doute redondante et ennuyeuse.
Il n'y a pas de grammaire absolue. Vers contre prose, langue française contre langue japonaise, toute transformation langagière doit être relativisée.