En comparant deux chefs-d'œuvre d'Albert Béguin, L'Âme romantique et le rêve, et Balzac visionnaire, nous tenterons de démontrer son « identification critique ».
Dans la mesure où le critique juge que « l'ignorance » est « notre véritable condition », il ne choisit que les poètes qui portent cette idée, la « présence » ; autrement dit, ce quelque chose que les hommes ne pourront jamais saisir. Il s'identifie alors aux poètes qui recherchent « l'invisible » dans le rêve, l'inconscience, ou leur propre enfance. Parallèlement, il souligne une importance primordiale : « l'invisible » doit se présenter dans la réalité visible. Et de fait, Béguin donne la primauté à Balzac en le qualifiant de « visionnaire ». Il apprécie davantage les romans « réalistes » que les romans « idéalistes » chez le concurrent à l'état civil, pour sa force de « visionnaire » susceptible de prévoir la « présence ». A côté des autres poètes de « l'âme romantique » qui poursuivirent la « présence » dans le rêve, le « visionnaire » s'affronte alors à la réalité pour le dévoiler.
En conclusion, les poètes de « l'âme romantique », Balzac et Béguin, se sont attachés à nous exposer « le symbole et la manifestation de l'invisible » sous le voile des poèmes, des romans et de la critique.