En s'attachant à l'usage original du verbe « savoir » dans Bubu de Montparnasse, onexaminera son incidence sur la description des personnages.Dans ce roman, on compte quinze exemples d'emploi du verbe « savoir », au sens de « to know » en anglais, accompagné d'une proposition subordonnée au temps présent.Normalement selon cet usage, la phrase nous laisserait à penser que le contenu est évident.Mais Philippe l'applique aux cas où il se rapporte à une seule personne, sans généralisation.Cet artifice a été nommé « motivation pseudo-objectivite » par Léo Spitzer. Il a surtout traité la proposition causale introduite par « à cause de », mais il a aussi marqué la « pseudo-objectivité » de « savoir ». Il nous soumet un seul exemple :Elle [=Berthe] savait de quoi se compose l'amour depuis qu'elle laissait les mâles après elle courir, qui profitent de toutes les faiblesses et satisfont tous leurs besoins. Elle savait qu'il faut convertir l'amour en espèces, car l'amour est fatigant, et c'est l'argent qui réconforte. Tout cela, Berthe le savait à vingt ans.Spitzer explique : « Bien que la maxime soit explicitement caractérisée comme ce qui dérive de l'expérience de Berthe, l'usage de « savoir » avec le temps présent suggère la reconnaissance d'une vérité commune. »On développera cette thèse par l'analyse de la description des personnages à l'aide de quinze exemples, classés en trois catégories : 1. Maurice, ridiculité d'« un homme d'action »2. Berthe, faiblesse d' « une pauvre putain trotteuse »3. Pierre, naïveté d' « un jeune homme de vingt ans » Cette analyse nous permettra de relever deux effets concernant la description des personnages et de découvrir ce qu'ils recherchent. On pourra ainsi en conclure que Philippe, en décrivant la faiblesse et le courage de ces personnages, nous dépeint des hommes pitoyables mais attachants.