Nerval n'est pas que le germaniste; il a écrit un important préface à l'anthologie des poèmes de Ronsard, Du Bellay, Du Bartas, etc. Il a composé ses premiers poèmes en imitant les Odes de Ronsard : « à l'époque, je ronsardisais » dit-il. Et Les Petits Châteaux de Bohème nous présentent « les trois âges du poète » : « j'écris les premiers vers par l'enthousiasme, les seconds par l'amour et les derniers par le désespoir ». Cette distinction de trois étapes correspond à la théorie de fureurs divines des néo-platoniciens, selon lesquels, le poète doit passer plusieurs stades de la fureur divine, à partir de celle envoyée par les muses, ensuite celle de Bacchus qui l'initiera dans le mystère : après ce stade, le poète accède à la sagesse du dieu Apollon, avant d'arriver au dernier stade du poète enveloppé de la grâce de la Vénus céleste. C'est Marcile Ficin qui l'enseigne dans ses Trois livres de la vie, et la théorie de la fureur divine des néo-platoniciens de la Renaissance était une promesse de salut pour le poète fou, parce que c'est avec la folie que le poète accèderait à la grâce divine. Il emprunte également les idées du théâtre mondial ou celles de la musique des planètes aux néo-platoniciens. Il avoue ses dettes envers eux dans Auréila en disant qu'il possédait un amas des livres cabalistes de Pic de la Mirandole, de Meursius, de Nicolas de Cuse, etc. Son attachement au pays du Valois qui conservait le souvenir des Médicis est aussi expliqué par cette familialité aux idées de la Renaissance florentine. Mais non seulement les Florentins, les philosophes allemands de la Renaissance comme Boehme ou Durer lui étaient également familiers. Et c'est dans ce contexte, qu'il faudrait relire l'œuvre de Nerval, pour l'intégrer dans l'histoire de la 1ittérature.depuis l'antiquité.