Sylvie n'est pas une idylle innocente. L'auteur y parle du mysticisme à l'allemande ou d'une phrase mystique dlEleusis. Les critiques voient habituellement la réalité, l'idéal, et l'illusion dans les trois personnages féminins, mais c'est une mauvaise lecture des lycéens crédibles. Sylvie, ellemême participe à la fantasmagorie théâtrale de la nouvelle, jouant le rôle d'une fée éternellement jeune. Toutes ces images ne sont que des feux follets fuyant sur les joncs. Et bien sûr, Adrienne, la religieuse morte, est la plus inquiétante parmi elles. C'est son image qui, revenant sur l'eau stagnante devant le château d'Ermenonville, provoque une réaction un peu bizarre. Le héros dit qu'il faut échapper à l'air perfide qui s'exhale en gagnant les grès poudreux du désert et les landes. Pourquoi faut-il échapper à ce paysage paisible? C'est parce que le château et la pelouse, entourés du plan d'eau évoquent un souvenir inquiétant. Il ne sait plus s'il est réel ou rêvé, et pourtant, c'est la source de son obsession. Sylvie est l'aveu d'un impuissant incapable de vivre la vie réelle.