La Fausse suivante (1724) et le Triomphe de l'amour (1732) de Marivaux sont des pièces dont les héroïnes se travestissent en homme. Contrairement à d'autres déguisements imaginées par l'auteur, le travestissement produit ici ce cas de figure particulier où une femme, vêtue en homme, séduit une autre femme. Je m'interrogerai sur la caractéristique du discours de la séduction des héroïnes. Dans la Fausse suivante, déguisée en chevalier lequel est le type de l'aventurier et du séducteur au 18ème siécle, l'héroïne tente de mener le jeu de l'amour à la manière d'un libertin. Le Chevalier stimule d'abord le narcissisme de la Comtesse qui est l'objet de la séduction en lui disant que le miroir justifie sa beauté. Il exige ensuite l'amour de la Comtesse en lui adressant des mots vifs d'un ton empressé. Son impatience est en effet une des techniques de la séduction puisqu'il n'a pas d'autre moyen pour satisfaire le désir de la femme. Le fait qu'il ne donne pas de baisers à la Comtesse, contrairement à ce que l'image du séducteur lui imposerait de faire, témoigne aussi qu'il n'a pas le corps d'un homme. Le Chevalier n'ose pas lui "voler" un baiser bien qu'il dise pouvoir le faire. Enfin la déclaration d'amour au nom d'un homme nous montre l'absurdité de son amour. Dans le Triomphe de l'ainour, la princesse se travestit en un homme nommé Phocion et essaie de séduire Léontine puis son frère Hermocrate en lui dévoilant à lui la nature de son sexe. Phocion décrit devant Léontine l'apparence d'une femme dont il est tombé amoureux. Le portrait de la personne qu'il peint sans en donner le nom est plus beau que celui de la vraie Léontine et ce n'est que par narcissisme qu'elle peut s'y reconnaître. Ensuite Phocion, dans son discours sur l'amour, emploie avec Léontine un ton pathétique et tragique qui contraste avec le ton réservé qu'il adopte avec Hermocrate. Alors qu'Hermocrate baise le portrait de Phocion, le fait encore que Phocion n'embrasse pas celui de Léontine, nous fait sen