広島大学フランス文学研究 Issue 16
published_at 1997-11-15

サルトルBaudelaireにおける語りの複合過去

Le Passé composé narratif dans le Baudelaire de Sartre
Shigemi Shinya
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Abstract
Le Baudelaire de Sartre est une des œuvres les plus négligées de sa création. La réflexion sur le temps des verbes peut jouer un rôle important dans l'analyse du texte : nous allons donc essayer de l'interpréter de ce point de vue. Dans «L'Explication de L'Étranger», Sartre développe son idée sur la différence entre le passé simple et le passé composé. À la différence du passé simple, qui sert de temps narratif au roman traditionnel, Camus écrit l'Étranger au passé composé; Sartre le qualifie de «conte» à la Voltaire avec des «îles» phrastiques au passé composé. Aussi le passé composé ne constitue-t-il pas, pour Sartre, un temps narratif romanesque pour décrire la continuité du récit. Or, Weinrich, le linguiste, fait une référence à cette idée sartrienne dans son œuvre sur le temps. En admettant que le passé composé chez Camus a la fonction d'une «île» isolée, il pense que, dans l'Étranger, la fréquence des adverbes finit par créer une continuité du récit, voire une narration d'un type nouveau. Comme le Baudelaire de Sartre est la première application de sa théorie de la psychanalyse existentielle développée dans l'Être et le Néant, il ne serait pas inutile de chercher la pensée sartrienne sur le temps dans cette théorie. En prenant l'exemple de Paul Bourget, Sartre y fait la critique de la psychanalyse empirique de Freud. On peut y discerner une pensée négative de Sartre sur l'écriture au passé simple, parce qu'il cite en la critiquant l'explication de Bourget sur la décision de Flaubert de devenir un écrivain; cette critique nous évoque, d'ailleurs, l'échec de Roquentin à reconstituer la vie de Rollebon par l'écriture au passé simple dans la Nausée. C'est ainsi que l'on a le droit de penser que le passé simple ne lui semble pas propre à décrire la vie d'un individu. Quant au Baudelaire, dans lequel le degré-zéro du temps se fixe sur l'indicatif présent, on trouve, certes, quelques parties mises au passé simple, mais cet emploi reste