広島大学文学部紀要 55 巻
1995-12-20 発行

モンテーニュ、見上げる目、見下ろす目 (1)

Montaigne, regard vers le haut, regard vers le bas (1)
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Abstract
Dans les Essais de Montaigne, l'image du regard vers le haut et celle du regard vers le bas sont, de même que les images du haut et du bas, ambivalentes. Le premier correspond souvent à une attitude d'admiration, mais parfois, à une attitude d'effroi. Le deuxième exprime tantôt le dédain, tantôt, à l'inverse, l'admiration. Ces images et les images du haut et du bas sont en relation étroite avec le problème de la connaissance qui préoccupe Montaigne, et avec celui du jugement qu'il «essaie» dans son livre.

Nous traîtons d'abord de l'image du regard vers le haut.

Dans les passages sur le jugement des actes des autres, Montaigne admire les grandes âmes, qu'il trouve «dans les nues», «fort loin au-dessus de» lui. Cette admiration toutefois ne le mène pas à vouloir les imiter. Il met l'accent sur l'impossibilité de les «suivre de ses pas», sur «la faiblesse de ses jambes», et se contente de saisir par la «vue» la hauteur admirable. Ainsi, associées aux images de la distance verticale et du regard vers le haut, l'image de la bonne vue et l'image des jambes faibles font contraste. La vue correspond à la capacité de connaissance et de jugement; les jambes, à la capacité d'action. Cette association des images semble chère à Montaigne parce qu'elle se trouve non seulement dans le texte de l'édition de 1580 mais aussi dans l'ajout postérieur à 1588.

Mais elle n'est pas fixée. Quand Montaigne se connaît dans son acte d'écrire, acte qui exige d'abord la capacité de connaissance et de jugement, sa «vue se trouble», soit à la place de ses «jambes» soit avec ses «jambes». De plus, la grande différence, qui est exprimée explicitement comme distance verticale du ciel à la terre dans qualques passages, est ambiguë (verticale ou horizontale) dans un passage; et dans un autre, bien qu'elle soit verticale, elle devient distance terrestre très imagée. Cette variante dérive de la manière de se connaître par la comparaison avec la hauteur des grandes âmes et par les images de la vue et des jambes qu'emploie Montaigne avec de plus en plus de sensations cénesthésiques. (à suivre)