広島大学文学部紀要 49 巻
1990-03-31 発行

モンテーニュにおける認識と選択のメカニスムに関する一考察 : 両極の一致・中間との対立 (1)

Considérations sur le mécanisme de la connaissance et du choix chez Montaigne : correspondance entre les deux extrêmes et opposition du milieu aux extrêmes (1)
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Abstract
Montaigne exprime souvent ses pensées en opposant le milieu et les deux extrêmes qui, eux, manifestent une analogie. Il le fait notamment dans l' essai «Des vaines subtilitez» où il énumère des «choses qui se tiennent par les deux bouts extrêmes» et ailleurs.

On peut distinguer quelques éléments importants qui constituent les unités fondamentales du mécanisme du jugement chez Montaigne dans ce schéma : (extrême=extrème)≠milieu. D' abord, la confrontation : celle de la supposition préalable avec le fait qui la contredit : bien que les extrêmes soient le plus éloignés l' un de autre (opposition), ils sont voisins d' un certain point de vue (correspondance). Ensuite, la distinction, «distingo» : connaissance des degrés, des mesures (les extrêmes et le milieu) et la sensibilité réflexe à «l' extrême».

Il est deux cas dans ce schéma : (extrême=extrême)≠milieu. Le premier est le cas où les extrêmes sont supérieurs au milieu : (extrême=extrême)> milieu. Le deuxième est le cas où ils sont inférieurs au milieu : (extrême= extrême) <milieu. Traitons d' abord du premier.

Montaigne n' accorde pas seulement son estime à l' esprit supérieur, le plus élevé parmi les milliers de degrés où se répartissent les esprits humains, mais aussi au plus simple, au plus bas, qu'il estime comparable au premier. A l' inverse de ceux qui mesurent à leur toise, il distingue et reconnaît cesdeux extrêmes, à une grande distance au-dessus et au-dessous de lui. L'esprit intermédiaire, il le considère comme médiocre, nuisible, dangereux, malheureux, ou importun. Quant à lui-même, comme il se trouve sur un degré moyen de l' échelle, il ne tend pas à s' élever au plus haut qu' il considère comme impossible à atteindre, mais il descend au degré le plus inférieur, à la simplicité. En ce qui concerne la poésie, exceptionnellement, il y renonce car il ne sait composer que des poèmes médiocres. En ce qui concerne l' histoire, il ne juge pas de la vraissemblance des événements qu' il connaît par ouï-dire ou par la lecture, et les rapporte très fidèlement à la manière des «historiens simples» ; en religion, il croit sans interpréter ni la Bible ni le dogme tout comme les esprits simples moins curieux et moins cultivés ; il fuit le malheur d' avance car il est incapable de devenir aussi insensible que les «âmes stupides» ; il imite les paysans simples pour être «honnête».

On peut donc voir dans le premier cas, celui de la correspondance des deux extrêmes opposés au milieu, fonctionner chez Montaigne un mécanisme de la connaissance de soi qui est moyen ou médiocre et un mécanisme du choix qui se porte dans la plupart des cas sur l' extrême le plus bas. (A suivre.)