広島大学総合科学部紀要. V, 言語文化研究 Volume 10
published_at 1985-02-28

Corneilleの«Tite et Bérénice»について

Tite et Bérénice de Corneille
Murase Nobuya
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Abstract
Le 28 novembre 1670, on présenta Tite et Bérénice huit jours après la première de Bérénice. Le résultat de cette confrontation ne se fit pas attendre: le vieux poète subit une défaite complète. Depuis, Racine a tenu le premier rang dans le domaine de la tragédie classique.

L'incontestable perfection de Bérénice a nui à la pièce de Corneille. Si l'on évite la mise en parallèle, Tite et Bérénice demeure l'une des grandes oeuvres de Corneille.

On dit que le poète peint les hommes tels qu'ils devraient être. En vérité, d'un bout à l'autre de sa vie, il n'a pas fait que peindre des héros idéalisés. Vers la fin de sa vie, surtout il tend à se méfier un peu de l'héroïsme exacerbé dont il a fait tant d'éloges dans ses chefs-d'œuvre.

Ce qui nous intéresse dans Tite et Bérénice, c'est que l'héroïsme y apparaît privé de son masque plus encore qu'ailleurs. En ce sens, les paroles d'Albin, confident de Domitian, constituent la clé de la pièce : "L'amour-propre est la source en nous de tous les autres ; C'en est le sentiment qui Tonne tous les nôtres." En effet, les quatre personnages principaux voient leur conduite plus ou moins déterminée par leur amour-propre, bien qu'elle ait souvent l'apparence de véritable héroisme.

Domitian ne se conduit pas comme le "parfait amant" qui se sacrifie pour sa bien-aimée ; son seul but est de la posséder.

Domitie souhaite de devenir impératrice en épousant Tite. Son ambition ne se fonde sur aucune valeur morale : accomplissement du devoir, altruisme, patriotisme, etc. Il s'agit seulement de vanité. Elle se montre donc hypocrite quand elle se réfère à la gloire de Rome. alors qu'elle n'a pour but que de monter sur le trône.

Tite ne montre pas de courage dans l'acceptation de son impérial destin. Hanté par des pensées nihistes, il considère l'amour comme une valeur absolue et reste dans l'incapacité de prendre la décision de se séparer de Bérénice. Il est aux antipodes du Titus de Bérénice, qui, pour ainsi dire, est un véritable héros cornélien.

Bérénice seule donne l'impression d'une héroïne généreuse. Elle décide de quitter Tite pour sauver sa vie. Peut-être prend-elle cette décision au milieu de la pièce (acte III, scène V). Par la suite, Bérénice est préoccupée d'un autre problème : comment rentrer dans sa patrie tout en sauvegardant sa propre gloire. Donc, son adieu à Tite, à la fin de la scène, est plutôt un cri de triomphe, puisque les Romains l'ont acceptée comme impératrice. On peut donc dire qu'elle aussi est guidée par l'amour-propre.

Aux yeux du vieux Corneille, il n'est pas d'être humain qui ne soit victime de l'amour-propre. C'est cette amère constatation qui ressort avec une force inégalée du spectacle de la pièce.