広島大学フランス文学研究 34 号
2015-12-25 発行

シモーヌ・ジョリヴェを語るボーヴォワール、問いを巡る人物創造

Les images de Simone Jollivet dans l’écriture de Simone de Beauvoir, la création de personnage basée sur sa mise en question
伊ヶ崎 泰枝
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Abstract
Femme de théâtre, Simone Jollivet s’est liée d’amitié avec Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre – d’une amitié qui dura jusqu’à la fin de leur vie. Libertine depuis sa jeunesse, Simone Jollivet « avait l’éclat d’une héroïne de roman ».

Dans les années 1930, Beauvoir entreprend de créer des personnages qui prennent modèle sur des femmes comme Zaza, Mme Morel et Jollivet. Dans les chapitres inédits de L’Invitée, le personnage d’Élisabeth Labroux, lycéenne prétentieuse qui adore Nietzsche, emprunte ainsi certains traits de caractère de Simone Jollivet.

À partir du deuxième volume des Mémoires, La Force de l’âge, Beauvoir dépeint, à travers le personnage de Camille, la vie prodigieuse de cette femme : son ambition littéraire, l’échec de sa carrière théâtrale, son ralliement au nazisme et sa dépendance à l’égard de l’alcool. Comparés aux descriptions nébuleuses de Cosima et d’Anny dans les romans de Sartre, Une défaite et La Nausée, autres héroïnes que Simone Jollivet a inspirées, les charmes de Camille sont détaillés en des termes concrets qui caractérisent son excentricité et sa vulgarité. Les écritures des deux écrivains composent ainsi de multiples facettes complémentaires.

Si Beauvoir rend compte avec précision des tentatives romanesques chez Simone Jollivet – Le Lierre, Les Histoires démoniaques et L’Amour par intérêt, œuvres d’« inventions infantiles » qui n’ont pas vu le jour –, c’est qu’il s’agit de donner un exemple de ces activités créatrices souvent problématiques chez les femmes : l’un des thèmes cruciaux de la romancière et essayiste. Beauvoir s’intéresse également à la chair de Jollivet détériorée par l’alcool : la destruction du corps féminin est un autre thème fréquent chez l’auteur. Enfin, l’opportunisme dont a fait preuve Jollivet aspirant à la renommé sous l’Occupation, en tant que maîtresse de Charles Dullin, revêt des éléments historiques importants. L’exploration du vide et de la faiblesse originelle de Simone Jollivet génère ainsi le personnage le plus pittoresque des Mémoires.