欧米文化研究 2 号
1995-10-01 発行

ジャック・ブレルの作詞技法の確立

Sur la formation de la technique de parolier de Jacques Brel
戸板 律子
全文
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Abstract
Plusieurs des chansons de Jacques Brel comportent des répétitions: c'est à dire plusieurs vers, phrases ou mots en commun entre toutes les strophes d'une chanson. C'est une technique que Brel a développée pour bien communiquer ce qu'il avait à exprimer dans la durée limitée d'une chanson, trois ou quatre minutes en général.

La répétition est utilisée déjà dans les oeuvres de son début comme auteur-compositeur-interprète en 1953, mais de façon non efficace. Il se peut cependant que ce procédé ait alors facilité la création de cet auteur débutant.

C'est avec les ans qu'il a amplifié cette technique d'écriture. Par exemple dans deux titres crées en 1955, LA BASTILLE et QU'AVONS-NOUS FAIT, BONNES GENS, les mots sont sélectionnés et agencés pour former un cadre, de sorte que les deux premières strophes sont mises en équilibre et que la troisième est contrastée avec les deux précédentes. C'est ainsi que l'auteur schématise ses idées.

Cette technique trouve sans doute son achèvement avec ZANGRA (1961). En comparaison de cette chanson, LE COLONEL (1958) occupe une position remarquable. Sa structure solide et la fonction de celle-ci sollicite de rapprocher ces deux titres. L'usage de la répétition fait surgir une ressemblance entre les deux héros, le Colonel et Zangra, qui sont d'ailleurs tous deux soldats. Mais tandis que l'image de Zangra correspond bien à ce que Brel a voulu évoquer, un homme qui périt d'avoir attendu quelque chose, l'image ridicule du Colonel qui meurt par sa bêtise n'a pas été son but.

Avec la répétition le texte devient moins propre à la description, mais en revanche plus concis et plus efficace en scène. Entre LE COLONEL et ZANGRA Brel a cessé de s'accompagner à la guitare et s'exprime désormais avec tout son corps. Ce changement de style dans l'interprétation se situe à la charnière entre ces deux titres.